Mars 2009, je commence un nouvel emploi et je devrais être excitée, mais voilà que déjà plusieurs mois mon insomnie est devenue de plus en plus soutenue. Je sens qu’il y a quelque chose dans mon corps qui ne tourne pas rond. On me dit que j’hallucine, que c’est dans ma tête ! Il y a des mois que je demande à voir un médecin, mais l’attente est longue, beaucoup trop longue. On me rappelle que l’urgence est ouverte 24 heures sur 24 si je suis trop pressée. J’attends alors mon tour. Mes nuits sont perturbées par de violents cauchemars; est-ce un signal de mon corps qui se débat contre ce mal qui essaie de prendre possession de ma vie ?
Je me rappellerai toujours ce rendez-vous tant attendu. J’avais fait plusieurs recherches sur internet et en entrant dans son bureau, j’ai demandé au médecin de me faire une ponction. Il me regarde avec un drôle d’air. D’où est-ce qu’elle sort celle-là, la fille trop renseignée qui croit pouvoir me dire comment faire mon travail ?! Je suis plutôt nerveuse, mais je parle toutefois avec confiance et insiste sur ma requête. Ça fait des mois que j’ai une bosse grosse comme une clémentine dans mon sein droit et qu’on persiste à me dire que c’est juste un p’tit kyste. Bein oui, un p’tit kyste ! C’est sûr ! Ça m’empêche même de dormir tellement ça me fait mal ! Le médecin de répliquer que de toute façon, un cancer, ça ne fait pas mal ! J’insiste une fois de plus; je ne sortirai pas de ce bureau sans avoir cette ponction. Il va donc chercher une seringue. Le pincement que je ressens lorsque l’aiguille pénètre dans mon sein n’est pas si douloureux comparé à l’inquiétude et la hantise qui m’habitent alors. Pendant que j’enfile mon chandail, j’aperçois ce cher médecin jeter négligemment la seringue sur le comptoir de sa salle d’examen…la suite me confirme qu’il ne me prenait aucunement au sérieux et qu’il se foutait totalement de ma gueule !
Les semaines passent. Un beau matin, pendant que nous déjeunons mon conjoint de l’époque et moi, le sujet de mon sein revient sur le tapis. Il s’emporte et me demande pour quelles raisons je n’ai pas reçu les résultats de ma ponction. Comment pourrais-je le savoir, j’attends toujours l’appel de la clinique ! Je me décide à appeler moi-même. La réceptionniste me dit qu’elle n’a pas eu les résultats et qu’elle ne comprend pas. Je décide donc d’aller rendre une p’tite visite directement là-bas pour interpeler le médecin. À mon arrivée, la salle d’attente est bondée de monde. Je demande à voir le médecin; on me dit qu’il n’a pas le temps. Mon ton monte. Je ne veux pas partir sans avoir mes résultats ! Je reste alors accotée sur le comptoir et j’attends patiemment qu’il sorte de son bureau. Au moment où il se présente devant moi, il me regarde à peine, ne me reconnaissant sûrement pas, étant donné que ce n’est pas mon médecin de famille et qu’il est nouveau en région. La réceptionniste lui glisse gentiment que je souhaite lui parler. Je lui demande alors pour quelles raisons je suis encore en attente de son téléphone. Il semble confus. Je lui rappelle que j’ai passé une ponction et que j’aimerais beaucoup être rassurée quant à mon état de santé. Pendant ce temps, la gentille dame de la réception, plutôt mal à l’aise sort mon dossier. Aucune demande d’analyse inscrite ! Aucune preuve qu’une ponction n’a été effectuée dans mon sein droit ! Je colère. C’est de ma vie dont il est question ici ! J’exige alors qu’on m’envoie passer une mammographie à Sherbrooke dans les meilleurs délais; ma patience n’était pas légendaire à l’époque !
Dans les mois qui suivent, tout se bouscule, mammographie, échographie du sein. On me recommande d’aller faire enlever ce kyste d’ici quelques mois. Je demande à avoir un rendez-vous dès que possible. Cette sacrée boule de chair me blesse et m’empêche de dormir tellement l’angoisse et la douleur sont présentes.
C’est ainsi qu’une journée de septembre, je passe sous le bistouri. La salle d’opération est froide, froide comme la morgue. Ma nervosité m’amène à rigoler avec le chirurgien; je lui rappelle que je suis là pour une ablation au sein droit, non pas pour une prostatite ! Éveillée svp que je demande ! Je souhaite voir de mes yeux le petit contenant dans lequel a été placé ce que l’on croit encore être un pauvre petit kyste, mais qui ressemble drôlement à une vieille pêche pourrie. Le chirurgien semble toutefois rassuré et me dit que nous devrions nous revoir autour du 29 septembre.
24 septembre, alors que je suis sagement assise à mon bureau, je reçois un appel de la secrétaire du chirurgien qui me dit :
Mme Charron, le Dr. Forget souhaiterait vous revoir demain.
DEMAIN ! Mais, mon rendez-vous est prévu dans près d’une semaine !
Comme un plus un font deux, je réalise la gravité de la situation et lui demande de me dire la vérité, de me le dire que c’est un cancer ! C’est le silence total au bout du fil; la dame n’étant pas autorisée à annoncer une telle nouvelle à une patiente. J’éclate alors en sanglots ! Mon monde vient de s’écrouler ! Je n’arriverai jamais à traverser cette difficile épreuve, cette maladie dévastatrice ! Je ne veux pas mourir ! Je veux vivre; ma fille est toute jeune et je n’ai pas encore profité amplement de ma vie avec elle ! Encore trop de belles choses à vivre avec elle ! Ma fille, mon trésor ! Je ne peux l’abandonner ! Je dois me ressaisir ! J’irai à mon rendez-vous et serai prête à affronter cette tempête, ce défi que la vie me propose de relever.
Assise dans cette petite salle d’examen avec mon conjoint et le chirurgien, j’apprends alors que mes prochains mois seront concentrés sur ma guérison, que mon entêtement à vouloir passer des examens m’a sauvé la vie, car 3 semaines plus tard, la vie d’Annie Charron serait une histoire du passé !
C’est ainsi que j’ai dû rapidement commencer les différents traitements qui me permettraient d’être ici aujourd’hui. J’avais deux façons de voir et de vivre cette épreuve, soit je me plaignais et jouais à la victime, soit je profitais de cette occasion pour penser à moi, faire le point sur ma vie, comprendre ce qui m’avait mené jusque-là et tenter d’en faire une expérience. J’ai opté pour la seconde option, être un modèle de résilience et de combativité pour ma fille est le plus beau cadeau que je pouvais lui offrir à ce moment-là.
J’ai choisi avec beaucoup de réflexion les gens qui m’accompagneraient à mes traitements de chimiothérapie. J’allais me battre contre un adversaire des plus redoutables et mon équipe devait être composée de gens confiants et positifs. Premier traitement : chocolat noir, Mélodie Gardot dans les oreilles et un bon livre pour me divertir pendant ces 6 heures au cours desquelles le sérum mortel entrerait dans mes veines pour anéantir le cancer.
Ma combativité, ma confiance et ma foi m’ont permis de traverser la tempête avec brio. J’ai profité de ce moment de répit du travail que la vie me permettait de prendre pour retrouver de saines habitudes de vie, pour m’arrêter, lire et profiter de l’instant présent. J’ai eu recours à des outils de guérison que je ne connais point ou que j’utilisais peu : antenne de lecher, reiki, intégration mémorielle. Ces alternatives m’ont incitée à m’ouvrir davantage aux médecines alternatives. Par ailleurs, la supplémentation que je prenais déjà a permis de maintenir mon système immunitaire fort, ainsi d’éviter les effets secondaires pernicieux de cette maladie et de me rétablir rapidement. J’ai aussi utilisé cet espace pour guérir des blessures intérieures et des deuils que je n’avais pas encore acceptés. J’ai compris que j’avais toujours beaucoup trop donné et si peu accepté de recevoir. J’ai réalisé que notre santé est entre NOS mains, qu’on se doit d’être à l’écoute de nos sentis, des messages que notre corps nous envoie si précieusement, mais qu’on préfère trop souvent ignorer !
Et vous comment réagissez-vous lors vous apprenez que vous devez relever une nouvelle épreuve ? Sentez-vous que vous perdez le contrôle ? Avez-vous des outils pour vous aider à affronter les épreuves de la vie ?
Êtes-vous quelqu’un qui prend soin de sa santé ? Avez-vous de bonnes habitudes de vie ?